La scarification est une incision cutanée pratiquée sur la peau, le plus souvent sur le visage, qui laisse des cicatrices destinées à symboliser l'appartenance à un groupe ou à un clan. Au Bénin, ces cicatrices représentent aussi bien des symboles de protection que de fierté ethnique. Mais force est de constater que la pratique des scarifications est de plus en plus délaissée. À Cotonou, très peu portent des cicatrices au visage. Qu'est-ce qui peut bien être à la base de cette rareté ?
Connues généralement sous le nom de '' balafres'', les beninois portants ces marques sont de plus en plus rare. Ceux qui en portent encore éveillent la curiosité et sont parfois mal vus ou victime de moqueries. << Dans ma famille la scarification est une marque identitaire et cela se fait suite à un rituel. Grâce à mes 2×5 au visage, ceux qui me voient sachent automatiquement que je suis de kpassè, ouidah>> à confié Aristide jeune entrepreneur. Tout comme lui, Rachid Souley assume fièrement sa cicatrice au visage. << La marque que je porte au front permet d'identifier les Haoussas venus du Nigeria. Bien que je sois beninois, cette marque me permet de garder un lien avec ma source, mon origine >> a t-il expliqué. Bien que peu connues de nos jours, certaines d'entre elles restent plus parlantes que n'importe qu'elle pièce d'identité pour identifier l'origine et l'ethnie. En plus d'être une carte d'identité, les scarifications ont une autre signification. << Moi j'ai pas été sacrifié mais ma sœur aînée qui me précède en a. D'après l'histoire de notre mère, elle souffrait de maladies très graves et c'est après l'incision qu'elle a eu satisfaction. Elle n'a plus souffert de ces maladies jusqu'à aujourd'hui >>, nous a livré Fernand Agossa. De son côté, dame Delphine a survécu aux rituels d'u' sacrifice humain grâce aux marques qu'elle porte sur le visage. << Un jour dans le Nigeria où j'ai grandi, j'ai échappé à un rituel de sacrifice. Je devrais être sacrifié au fétiche pour de l'argent mais quand le sacrificateur m'a vu, il était tourmenté. Il disait à celle qui m'a amené que j'ai un visage de serpent, que je ne suis pas un être humain et donc je ne peux être sacrifié. C'est ainsi que j'ai été épargné >>, a-t-elle raconté. Elle continue en expliquant ce que signifie les marques sur le visage de sa fille aînée. << Quand son père est mort, elle a commencé par souffrir de certaines maladies que les médecins même n'arrivaient pas à identifier. C'est après une consultation qu'il nous a été révélé que c'est sont père qui est décédé qui veut l'emmener avec lui. C'est ainsi qu'on lui sacrifié les signes de abikou au visage pour lui donner un nouveau visage afin d'éloigner son père >>. Allant dans le même sens, le culturel Boton Daniel Ahooto Belou renchérit << quand un enfant est né '' abikou'', on doit lui faire la scarification de son abikou au visage pour empêcher les forces ocultes liées à abikou de le faire disparaître de ce monde>>. Il continue en expliquant qu' << un enfant abikou est un enfant qui est destiné à la mort. Ainsi pour révoquer l'esprit de mort de cet enfant, il faut lui faire des scarifications qui ne sont pas de vulgaires cicatrices >>. La scarification raciale est avant tout un élément d'identification. Mais au delà de la simple identification, la scarification a d'autres fonctions selon le culturel Daniel Boton. << Les cicatrices sur le visage ont trois fonctions, la fonction distinctionnelle, la fonction de protection et la fonction identitaire >>. Selon lui, la << fonction distinctionnelle concerne beaucoup plus les adeptes de vodun, cela permet de distinguer les adeptes d'une divinité à une autre. La cicatrice permet de protéger contre les mauvais sorts c'est en cela qu'intervient la fonction de protection. Quand à celle identitaire, elle permet d'identifier les ressortissants d'une région, ethnie donné >>. Autrefois populaire, la scarification faciale disparaît de jour en jour. Quelles sont les raisons ?
Les raisons...
La raréfaction des scarifications faciales s'explique par plusieurs raisons. Celles majeures sont là modernisation, la civilisation la religion. << Les religions importées font que de nos jours les scarifications faciales disparaissent de plus en plus. Ces religions diabolisent ces marques de nos jours >>. L'autre chose qui explique cette disparition est la moquerie au quelle font face les quelques personnes qui en portent. << Les parents qui ont été objet de railleries refusent de le faire à leurs enfants pour éviter que ces derniers se retrouvent dans de mauvaises situations. Quand cela devient une quest8de vie ou de mort, d'autres le font discrètement en réduisant la taille et la grosseu6ce qui fait que les cicatrices disparaissent avec le temps >> à laissé entendre Hugues un entrepreneur. Ces cicatrices deviennent sources de moqueries lorsque l'esthétique est bafouée. C'est ce que confirme Aristide Sidou un jeune qui porte la marque 2×5 au visage << quand c'est bien fait, cela suscite l'administration. C'est quand c'est pas jolie sur le visage de la personne qui le fait que les gens se moquent >> Pour éviter d'être la risée de tous, d'autres personnes optent pour la scarification sur le corps pour se protéger surtout. C'est le cas de dame Henriette qui préfère se protéger et protéger ses enfants avec la scarification sur le corps. << Au moins ça c'est discret, si personne ne te voit déshabiller, personne ne saura rien >> cette forme de scarification sur le corps est beaucoup plus fine et plus discrète. D'après le culturel Boton Daniel, elle permet de se << protéger contre les forces cultes, de guérir un mal. On peut le faire contre la sorcellerie, contre la paralysie, contre les attaques spirituelles >>. Même si la scarification faciale disparaît de jour en jour, celle sur le corps continue toujours de façon discrète. Mais ont elles les mêmes effets ?
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